Travaux : défaire    

 

 

 

 

1) Tout démonter...

 

 

  

  

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Le premier travail dans une restauration est de prendre des photos. L'expérience montre qu'on n'en prend jamais assez. On se demande alors, au moment du remontage, où peut bien passer ce fil, cette durite, si c'est bien à droite que se montait ce connecteur, etc.

Etape suivante : le Kärcher. Au point où en est la moto, les entrées d'eau sous pression dans les organes délicats ne sont plus à craindre. Et c'est là que j'ai vu fuir des colonies entières d'araignées de toutes tailles. Les cocons d'insectes et d'arachnides (les araignées ne sont pas des insectes) divers sont apparus. Des feuilles d'arbres et des graines, des olives séchées aussi. 

Avant d'attaquer le dépeçage, je tente de faire tourner le moteur. Il n'est pas bloqué, je le savais. Je branche un petit réservoir d'essence, je remonte la batterie, je fais quelques contrôles pour éviter le court-circuit franc, et j'appuie sur le bouton du démarreur. Ça tourne, mais ça ne démarre pas. Il y a des étincelles aux bougies. J'essaie assez longtemps, avant de parvenir à la conclusion que la compression est inexistante sur deux cylindres. Des soupapes restent donc ouvertes. Dommage.

Ensuite, le démontage peut commencer. Dans ce cas, tous se passe sans problème particulier. Seul un goujon parmi les huit qui maintiennent les collerettes de fixation des tubes d'échappement n'a pas voulu sortir. Pire, il s'est cassé. Toutes les tentatives pour l'extraire moi-même ont été vaines : pince-étau, chalumeau, dégrippants divers...

 

 

2) Chercher les pièces   

 

 

 

Comme il manque beaucoup de choses sur cette moto, la chasse à la pièce doit commencer tôt. Elle risque en effet d'être longue. Les sources : les casses, les bourses d'échange et évidement Kawasaki. Pour les casses, je n'en ai visité qu'une : Grasse-Moto-Pièces, à Grasse (06). J'y ai trouvé quelques merveilles : 

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    l'antivol complet avec sa clef

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    le bouchon de réservoir, avec la même clef que le contact (rare !)

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    un robinet d'essence, d'un modèle différent, mais adaptable.

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    un maître-cylindre de Z650, cadeau, parce que récupéré in extremis dans la poubelle.

Pour les bourses, j'ai trouvé beaucoup de choses à Saint-Maximin (83), mais surtout à Lambesc (13) :  

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    le tableau de bord complet compteur, compte-tours, boîtier avec totalisateur partiel

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    une paire de clignotants

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    un garde-boue avant en très bon état 

Enfin, les concessionnaires Kawasaki. J'ai d'abord consulté Motos Deschamps à Nice. Là, j'ai entendu dire qu'on ne pouvait plus commander de pièces pour une moto aussi vieille. Qu'il n'y avait pas de micro-fiche, et que les livres avec les références des pièces n'existaient plus. En clair, allez voir ailleurs.

Je suis allé ensuite chez Moto-Sport-République, rue Caïs de Pierlas, toujours à Nice. C'est dans ce magasin qu'en septembre 1969 j'avais pris livraison de ma Honda CB350 neuve. Je l'ai toujours. Donc chez MSR, excellent accueil, et j'ai pu commander quelques pièces, essentiellement et pour commencer, des pièces de carburateurs. Pour la suite, j'attendrai d'avoir tout analysé.

 

 

3) Tout nettoyer, tout dérouiller

 

 

 

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Quelques pièces à zinguer (48832 octets)

La culasse (55750 octets)

Je démonte tranquillement la moto, avec deux objectifs : nettoyer au fur et à mesure ce que je dépose pour ne ranger que des pièces raisonnablement propres, et faire en sorte que la moto reste déplaçable le plus longtemps possible. 

Le nettoyage passe par un brossage dans une cuve avec du pétrole désaromatisé, suivi, pour les petites pièces en acier, par un trempage dans un dérouillant-phosphatant. Ce produit se trouve chez Restom, mais aussi chez les revendeurs de matériel pour peintres en bâtiment. Après une nuit dans ce liquide qui contient une forte proportion d'acide phosphorique, la peinture se décolle, et la rouille disparaît. On peut ensuite repeindre directement, sans apprêter.

Beaucoup de pièces sont aussi à rezinguer ou à rechromer. En fait, je me limite au zingage, que je fais compléter par un bichromatage. Cette opération, qui met en oeuvre du chrome hexavalent, est encore possible jusqu'au 1er juillet 2007. D'ici là, l'industrie devra avoir trouvé un substitut parce que le chrome hexavalent sera interdit par une directive européenne. Le bichromatage donne aux pièces cette teinte dorée irisée, et surtout une bien meilleure tenue à la corrosion (3 fois fois meilleure aux essais au brouillard salin). Fournisseur pour le zingage : Aluchrome, à Nice.

Ainsi, de semaine en semaine, je m'approche du moment où je vais pouvoir déposer le moteur. Le cadre est en effet vide. Il ne porte plus que les roues, maintenues par la fourche et le bras oscillant, et le moteur, nu. J'ai conservé le guidon, pour pouvoir déplacer l'engin.

Le moteur est extrêmement lourd. IL ne saurait être question de l'extraire du cadre, même à deux. Par chance, on peut déculasser et retirer le bloc cylindre moteur dans le cadre. On gagne ainsi presque la moitié du poids. Aidé par Philippe, je sors le moteur et je le pose par terre. On s'en occupera plus tard.

Je peux alors déposer le reste, et donc obtenir un cadre nu, qu'il faut débarrasser de sa peinture avant de le repeindre. J'utilise comme décapant le gel vendu sous la marque "Pépé". C'est le plus puissant. C'est un travail long et fastidieux. Quand toute la peinture est partie, lavage à grande eau et au détergent et traitement des parties rouillées au Frameto. J'en profite pour changer les roulements coniques de direction. Pour extraire le roulement du bas, monté serré dans la colonne du cadre, je me fais prêter un outil Honda ad hoc. Avec l'outil, ça va très vite. Sans l'outil, c'est la galère.

La chaîne de distribution sera à changer. Non pas qu'elle soit particulièrement usée, mais c'est une telle galère de la remplacer quand le moteur est terminé, qu'il faut le faire maintenant. Deux vues des deux chaînes : l'ancienne et la nouvelle :


4) Repeindre  

 

 

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Les pièces sont pour la plupart noir brillant. J'achète donc chez Sud-Color à Nice 300 grammes de Glasurit ligne 22, brillant direct, et du noir satiné de la même marque, en vue de repeindre le moteur. Cette peinture, un polyuréthane à deux composants donne des résultats remarquables.

Outre le cadre, il y a beaucoup de pièces à peindre : béquille latérale, bac à batterie et tôles diverses, pattes de fixation, tés de fourche, bras oscillant... C'est un gros travail.

Pour les pièces de carrosserie, je cherche une belle décoration, qui ne soit ni noire ni rouge. J'ai en effet une Z400J noire, et quatre autres motos rouges. Il faut changer. J'avais eu une Kawazaki Zephyr jaune bouton d'or. Ce n'était pas une couleur d'origine, mais elle était superbe. Je décide donc de refaire une moto jaune, mais avec des bandes de couleurs dans le style d'origine. Je fais quelques croquis avec Word, jusqu'à ce que je fixe mon choix : jaune avec une bande rouge vif et une bande gris anthracite. Je confie la peinture à GT-Grafic à Saint-Laurent du Var (06).

Les roues méritent aussi d'être reprises en profondeur. Je fais démonter les pneus par le Garage Parisien à Monaco, pour pouvoir travailler sur les jantes plus facilement. Je les nettoie, je repolis les parties qui doivent l'être, et je repeins les surfaces en noir satiné. Je peux alors faire remonter des pneus neufs.

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Les mâchoires des freins sont repeintes en époxy, comme le maître-cylindre avant. Tout est superbe. 

Le frein arrière est vite remonté :

   
5) Le moteur  

 

 

Le vilebrequin (40978 octets)

Les deux carters (76142 octets)

Une fois toutes les pièces de la partie cycle en bonne voie, je m'attaque au moteur. A deux, nous le déposons sur une table. Je l'ouvre sans difficulté. Quelle merveille ! Quel progrès par rapport au moteur de la CB750 Four ! On voit bien que Honda a inspiré Kawa. Mais là, très peu de vis à l'intérieur du bloc, tout se démonte facilement, comme dans un jeu de construction.

Très vite, je peux constater deux choses : ce moteur est en excellent état. D'une part, pas d'usure sur les pignons ni les fourchettes de changement de rapport, pas de jeu dans la tringlerie. D'autre part, tout ça est dimensionné large. Très large. Les arbres, ce vilebrequin, ces pignons semblent indestructibles. Ils doivent l'être.

Je nettoie tout ce qui est mécanique. Je retire la peinture noire sur les carters avec le décapant "Pépé". Je les lave à grande eau. Voilà ; c'est prêt. Je fais un essai d'empilage des pièces vides, juste pour voir. Le couvercle de culasse avait déjà été repeint et poli.

 

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